Faim !

Collectif Libertalia
Création professionnelle
/ 2014
Tout public

Équipe

avec Corinne Aron, Marco Borgheresi, Samuel Osman
mise en scène Patrick Duquesne
scénographie Michaël De Clercq
éclairage Mathieu Houart

Présentation

Demain, ils jouent leur va-tout : un nouveau jeu télévisé où ils concourent pour la meilleure petite forme théâtrale. Et de l’argent à la clé… C’est leur dernière soirée de répétition. La nuit sera longue d’autant plus que Claire est rentrée les mains vides. Alors ce soir… Enfin, là, maintenant, ils ont faim. Littéralement faim…

Il est donc possible, aujourd’hui, dans nos régions, de souffrir de la faim ? Le thème de leur spectacle est tout trouvé. Ils ont faim de nourriture vraie. Faim de vérité. Faim d’un monde où les hommes ne se coudraient plus les lèvres pour crier leurs frustrations. Ils sont trois. Claire, Sergio et Samir. Trois artistes passionnés de théâtre, endettés à l’extrême, coincés dans un lieu qu’ils avaient rêvé de transformer en espace de création et qui est devenu leur prison.

Mais comment traduire tout cela dans une forme artistique qui ne soit pas convenue ?

Un huis clos pour trois artistes d’aujourd’hui taraudés par la faim et l’amour du théâtre…

Le spectacle aborde avec humour la schizophrénie d’une société incitant sans arrêt ceux qu’elle nomme ses « citoyens » à demeurer « créatifs »… tout en noyant cette créativité dans une recherche aussi stressante que permanente d’une solution pour survivre.

Dernièrement, en discutant avec d’autres acteurs et techniciens de théâtre, nous avons fait une même constatation. A la question « Que fais-tu dans la vie ? », nous ne savions plus trop quoi répondre. Nous hésitions entre « artiste » et « chômeur » pour nous présenter. Quoi de plus normal puisque nous sommes les deux en permanence !

Sauf que les nouvelles attaques déclenchées un peu partout en Europe à l’encontre de la condition d’artiste chevillent dorénavant notre niveau de vie à celui de l’allocation de chômage. Exercer ou non notre métier revient pratiquement au même : nous sommes désormais plus chômeurs qu’artistes. Avec un constat encourageant cependant : nous sommes plus nombreux comme chômeurs que comme artistes. Et donc plus forts qu’avant !

Pour la dramaturgie du spectacle, les acteurs qui ont participé à cette aventure n’ont pas dû chercher bien loin : ils se sont directement inspirés de la situation dans laquelle ils se trouvent aujourd’hui violemment plongés… Artiste ou chômeur ?

Et à partir de là, quelques questions ont surgi : Jusqu’où sommes-nous prêts à aller pour continuer à exercer notre métier ? Nos difficultés à joindre les deux bouts ne devraient-elles pas nous inciter à prendre la parole ? A la partager avec nos spectateurs ? A force d’insister pour que nos spectacles se limitent « à poser des questions », n’avons-nous pas abandonné le monopole des réponses à nos prédateurs ?